Gare au vent
On nous avait bien prévenus
La Drôme invite souvent le vent
Par épisodes trop peu connus
Il surgit et bouscule le temps
Ça rend les gens fous, nous disent-ils
Ils perdent la tête, cheveux volants
Attendent en retour la mer d’huile
Mistral gagnant moral perdant
Souffle vivant
Ce matin je l’entends souffler
Son chant fait siffler mes fenêtres
Trois jours d’affilée sans chômer
À l’imaginer ne plus être
Alors, je pense à toi élément
Que viens-tu laver et bercer ?
Marque de vie, souffle vivant
Un jour léger, l’autre déchaîné
Miroir miroir
Faute de t’aimer vraiment
Je tente de t’apprivoiser
Laisser l’imprévisible naviguer
Et les octosyllabes se déliter
Courant circulant
À ton image, je veux respirer
À pleins poumons, je veux m’immiscer
Te rencontrer, vraiment
Oser souffler, chanter, crier
Laisser l’air en moi se rependre
Laisser l’air partout s’étendre
Et dépoussiérer ainsi mes idées
Danser l’air
Dans les Cévennes, je suis partie danser
Cinq jours au rythme du temps
Pour exprimer mes libertés
Celles qui s’acquièrent en mouvement
C’est une première pour moi
En groupe et en couple, bien là
Nous accueillons nos fracas
Et célébrons nos éclats
Sur la piste, l’air est mon partenaire
Ensemble, il me semble qu’on joue un air
Il me soutient comme une mère
Et je me sens détenir l’univers
Mes membres le fendent et le caressent
Flux et reflux de mes ivresses
Le vent, réceptacle de mes détresses
Et moi, je touche à l’allégresse
Contrevent
Pour approfondir ma pensée
Un ami m’a recommandé La Horde du Contrevent
Son auteur farouchement inspiré
Nous y offre une plongée dans le vent
Sur une terre où il sévit tout le temps
Vingt-trois héros en mouvement
Progressent des années durant
Vers la Source de leur tourment
« Le vent nous réveille, nous excite, nous calme, nous berce et nous lave. Il se pose sur nos fronts comme une main leste, il nous gifle et nous saigne, il nous cajole et il nous soigne. Personne ne vous dira dans la horde qu'il adore le vent. Personne ne vous dira le contraire non plus. Il est des mondes où le vent naît et meurt. Vient, disparaît. Selon les jours, selon les heures. Si un pareil monde existe, aimer (ou ne pas aimer) le vent y a un sens : on peut comparer. Mais ici ? Qui se plaindra qu'il y a des nuages au ciel et de la terre pour nos pieds ? Puisqu'ils ont été là, toujours, qu'ils y sont et y seront éternellement. Le vent est, il est là. »1
Oh cher vent
Merci d’être ce liant
Entre moi et la vie
Partout et nulle part
En toi, je danse.
Elise
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Extrait du chapitre IV de La Horde du Contrevent, le fascinant roman de science-fiction d’Alain Damasio