Alors qu’il me semble prendre mon envol
oser de plus en plus nettement vivre ma vie
et savourer en partie cette réussite, cette joie d’être moi
une peur latente grandit au rythme de mon déploiement :
et si j’étais en train de me brûler les ailes ?
à chaque poussée de confiance
à chaque période satisfaisante
à chaque temps de réussite
et si j’étais en train de me brûler les ailes ?
Alors que je prends une place
que chaque nouveau réveil m’émerveille
que j’explore, je cherche, je lis, je m’intéresse
et que, cerise sur le gâteau
j’ai des espaces où partager ça
des relations qui me nourrissent
un couple et une famille où grandir,
il y a, en demi-teinte, une petite voix en moi prête à bondir
symptôme d’une peur qui se niche
ne va pas trop loin Élise,
ne fais pas trop de remous ou d’ombre,
c’est risqué, tu risques de chuter.
Un petit évènement marquant pour moi m’a confrontée à cette voix il y a dix ans. Pour la première fois une “mission professionnelle” me remplissait de sens car il s’agissait, pendant une année, de transmettre à des jeunes de la rue, au coeur de bidonvilles indonésiens, des outils professionnalisants à même de les raccompagner dans le monde du travail. Alors quand une jeune maman, quasiment aveugle, a décroché un entretien suite à nos efforts d’équipe, j’ai senti mon coeur bondir de fierté et de joie ! Mais, sitôt passé ce furtif engouement, mon élan s’est brusquement freiné :
et si tout cela retombait aussi vite que c’est venu
sois raisonnable Élise, ne fêtons pas ça, restons “humbles”.
Plutôt prévoir le pire
que risquer de vivre le pire
ne pas réussir à se réjouir d’une victoire,
de crainte que cela porte malchance
se méfier et estomper des joies,
au risque de tomber de trop haut.
Je crois que je crains l’humiliation liée à l’échec
trop souvent le regard de la déception s’est posé sur moi enfant.
Mais aujourd’hui je veux :
ne plus craindre la vraie joie au risque de voir la tristesse
ne plus craindre l’engagement au risque de rencontrer la rupture
ne plus craindre l’audace au risque de voir l’échec
embrasser le jour comme la nuit.
Cette semaine, j’ai été très touchée par l’intensité de la relation naissante entre les protagonistes confinés du film À la joie1 de Jérôme Bonnell
par leur plongée dans la folie de la romance vécue corps et âme
par l’audace de l’investissement du lien naissant
passionnément.
J’ai senti la tension m’habiter pendant tout le film
la peur d’être submergée de tristesse au bout de l’histoire :
ils sont montés si haut
leur chute risque d’être si douloureuse.
Mais j’ai été aussi bouleversée par son tempérament à elle :
son refus que la perspective d’une triste fin puisse estomper la joie qui se vit
la douceur avec laquelle elle accueillera la suite de l’histoire
sans doute est-elle aidée par son métier d’avocate
entraînée à se battre sans relâche
et à surmonter les défaites qui font partie du travail.
Depuis, ce sentiment se fait plus fort en moi :
je dois être capable d’accueillir la chute
pour oser la grande aventure !
J’écris ici pour donner de l’amplitude à mes ressentis
les préciser tout en les sachant lus par vous
peut-être certains font écho aux vôtres
ils trouvent une oreille
et, ensemble, ils s’affinent, évoluent
puis peut-être un jour s’envolent
dissous dans une nébuleuse d’émotions humaines vécues.
Alors, allégée,
je repars voler de mes propres ailes
un peu plus confiante, à chaque fois, dans le voyage.
Merci pour votre présence
Elise
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Merci!
Quand je suis en joie, qu'il m'arrive quelque chose de beau, de joyeux, de gratifiant, une réussite perso ou pro...je me dis que c'est trop beau pour être vrai...
Mon esprit est rarement serein, c'est à dire si à un moment, je gagne, forcément je perdrais à un autre...c'est pour moi sine qua none 😔.
Il faudrait que j'essaye de me foutre la paix avec ça...accepter, savourer ce qui est, simplement.
Merci pour ces mots en résonnance 🙏
J'ai toujours plaisir à te lire 💓 😚